Après 30 ans passées aux commandes de Nine Inch Nails, trent Reznor n’a rien perdu de son mordant.

Bad Witch même s’il est officiellement le 9èmealbum du groupe en 30 ans de carrière, avec ses 30minutes au compteur et le contexte dans lequel il est sorti sera plutôt étudié ici comme la dernière partie de la trilogie d’EP telle qu’elle avait été annoncée par Reznor courant 2016. Certes les six mois qui auraient dû le séparer de la sortie de l’EP précédent  « Add violence » ont été doublé et il a un titre de plus, mais sa structure, et la manière dont il renvoie aux deux autres parties du triptique consolide cette impression.
Après une carrière aussi longue passée à redéfinir le rock industriel Reznor exploré bien des directions. Même si « The downward spiral », « The fragile » et « Year Zero » reviennent très régulièrement en tête de classement les fans du groupes sont bien divisés sur leur périodes et leurs albums préférés. Dans cette ample discographie il y en a un peu pour tous les gouts, et les trois EP ont été reçu avec des degrès d’enthousiasme très variés.
« Not the actual event » (NTAE)
Personnellement il m’a fallu deux ou trois écoutes pour commencer à apprécier NTAE  après la production chaleureuse et variés de l’album précédent, ce court premier EP (21 minutes au compteur) m’avait apparu terne et peu varié. La palette des sonorités employées me semblait limitée (ce qui était mon plus gros reproche contre « Year Zero ») et donnait à mon gout une trop de place aux distortions et pas assez aux petite mélodies sucrées et synthétique. Une semaine après, j’avais fait le deuil de mes attentes et de ce qu’il aurait pu être et j’ai commencé à l’apprécier énormément pour ce qu’il était. C’était mon (mini) album préféré et il tournait en boucle sur mon iphone et les qualificatifs avaient changé : terne était devenu « gris acier », peu varié était devenu « cohérent, concentré ».
« Branches/Bones » démarre NTAE sur des chapeaux de roues, ça tabasse, sans vous laisser un moment de répit et puis c’est fini. C’est génial et bien trop court, dés fois je la met en boucle avant de passer à la suite. Le titre suivant est étrange, avec son ambiance et sa voix venue (everybody seems to be asleep) d’ailleurs qui m’a immédiatement rappelé les interludes narrée par le détective Nathan Adler dans « Outside » de David Bowie, mon album préféré de cet artiste. Même s’il a un refrain c’est plus une ambiance qu’une chanson. On arrive enfin au sommet de l’album , « she’s gone away », écrite pour le revival de twin peaks à la demande de David Lynch. Elle a donné selon moi le moment musical le plus saisissant de la saison 3, un petit live situé contrairement aux autres au beau milieu de l’épisode 8 le plus ébourifant de la saison. Ce moment magique à faillit ne pas être David Lynch considérant le titre comme pas assez violent, effectivement « she’s gone away » ne fait pas dans l’agressivité, c’est un titre lourd sombre et malsain . Après the « idea of you » un titre d’une énergie explosive soutenue par un Dave Grohl particulièrement en forme derrière les futs, l’EP se termine par « Burning Bright » un titres lourd et planant, dont la mélodie et l’ambiance se perd dans juste ce qu’il faut de distortions.
Add violence 
Je serai nettement plus rapide sur le deuxième EP, qui s’il est agréable ne m’a pas fait autant d’effet que les deux autres. Il commence par un titre en apparence parfait, ou Trent Reznor utilise ses recettes habituelles pour faire un titre entraînant, dynamique, à la mélodie particulièrement accrocheuse. Il est parfait, s’écoute avec beaucoup de plaisir, mais me laisse un arrière-gout étrange, il manque selon moi un peu d’émotion ou d’honnêteté. Les deux titres suivant confirment qu’Add violence n’a rien à voir avec l’EP précédent, ça reste mélodique, sucré, avec quasiment pas de distorsion. Ils sont jolis, bien fait, et… ça s’arrête là pour moi. « No I’m not » est le morceau violent de l’EP, et l’alternance temps calmes temps agressifs, ne marche pas pour moi ici. Ça a quelque chose de bancal et de maladroit, qui ne m’entraine vraiment pas. Et vient, en clôture de l’EP heureusement le grand moment de rédemption. Un autre titre très mélodique, avec une jolie structure, des effets originaux, quelque chose de bancal dans sa boucle central qui marche parfaitement bien. Ça serait un des meilleurs titres du groupe si ce n’était pour ce final ultra poussif ou pendant cinq minutes la même boucle se perd progressivement dans un océan de distorsion. 
Une fois réédité avec Audible ou n’importe quel logiciel de musique c’est tout simplement parfait (voir vidéo ci-dessus).
Bad Witch
Le plus long des trois EP, six titres au lieu de cinq comme les deux précédents. Nouvelle direction, qui par son amour immodéré de la distortion le rapproche plus de NTAE que de « Add violence » le plus clean des trois. 
Mais si on élargie notre domaine de comparaison on le voit au confluent de bien d’autres productions du groupe, personnellement j’en vois trois fortes.
Il connecte avec la bande originale de « Lost Highway » que de Reznor avait produite pour David Lynch (encore lui) à travers certaines de ses rythmiques et l’utilisation du saxophone en mode free jazz, en fermant les yeux par moment on peut se retrouver de nouveau avec Bill Pullman perdu sur cette route infernale avec les phares se perdant dans une nuit trop vorace. Dans cette bande originale il y avait un titre de david Bowie : I’m deranged où il chantait d’une voix éthérée et désespérée. 
Entre BadWitch et l’EP précédent Nine inch Nails avait partagé une reprise de « I Can’t Give Everything Away » un des titres de Blackstar l’ultime album de David Bowie, un hommage posthume pour ce musicien dont l’amitié l’avait particulièrement marqué. 

Le fantôme du white duke plane sur Bad Witch, notement sur sur « God breaks down the door »  et « over and out » où Reznor chante dans des intonation qu’il n’avait jamais exploré jusqu’ici.
Dernière influence : le travail de Reznor et d’Atticus Ross sur les bandes orignales et « Ghost » l’album de pistes instrumentales (mention spéciale aux bandes originales des jeux vidéos Doom et Quake) . Bad Witch contient deux titres instrumentaux, deux et demi si on regarde « Over and out » où le chant se retrouve cantonné sur le dernier tiers, pour un EP de 6 titres ça fait beaucoup ! Ces morceaux sont parfaitement intégrés, mais sortis de leur contexte, je ne me vois pas les glisser dans une compilation.  
En dehors des titres qui encadrent l’EP on est loin du format chanson, ils se basent sur des boucles qui tournent et tournent en s’enrichissant ou en proposant quelques variations. Fade in, Fade out, pas de véritables intro ou outro, pas d’interruption, ça donne à l’ensemble un petit côté précipité ou génialement fluide, suivant comme ça résonne chez vous.
Pour moi cet EP est tout le contraire du précédent : brut/abrasif, Reznor sort de sa zone de confort, essaye des choses au niveau de l’instrumentation et du chant. C’est un album subtil qui s’écoute au casque dans le noir, c’est une expérience qui gagne à être vécue du début à la fin, plus qu’une collection de titres sympas. C’est un album qui me semble plus « très intéressant » que « très bon » comme pouvait l’être NTAE.      

petit bonus : parce que ce titre est tout simplement parfait

Bad Witch & cie

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