Certains de mes élèves m’ont parlé de booba, le rappeur français. Personnellement je ne suis pas du tout rap français, autant j’aime bien quelques artistes hip hop us, autant les paroles et le son du hip hop français ne m’excitent gère, mais bon j’ai eu l’occasion d’emprunter « panthéon » à la médiathèque d’Argenteuil, ça ne coûtait rien d’essayer. Je l’ai écouté « sur mon baladeur, et ça m’a donné furieusement d’écrire une chronique assassine. Il y a beaucoup à dire sur cet album, et sur booba en général, mais quand j’ai regardé le reportage sur de DVD de panthéon, je me suis dis que j’avais un peu mal cerné le personnage et qu’il me faudrait changer mon fusil d’épaule. Quand on critique durement une personne, en général on se sent très éloigné d’elle, du genre : on a rient en commun. La plus part du temps lorsque l’on apprend a connaître une personne, sa vie, son parcours, ses échecs, ses souffrances : les sentiments négatifs que l’on pouvait avoir à son égard s’essoufflent. Je n’ai pas la prétention de connaître se rappeur, de prés comme de loin, mais quelques minutes d’interview me laissent deviner derrière le mythe, un petit garçon perdu.L’album panthéon, est caractérisé au niveau musical par une production riche et variée, signe d’une certaine recherche au niveau du son qui le rapproche plus du rap us que de la scène française. J’aime beaucoup le son du titre :  » n° 10 « , avec ses basses emphatiques et vrombissantes. Pour ce qui est des lyrics, c’est vraiment une autre affaire. C’est la caricature la plus grotesque du gangsta rap americain. Apologie des drogues toutes catégories confondues, misogynie, glorification du crime, des grosses voitures. Pour résumer n’importe laquelle de ses chansons :  » moi, je suis le plus forts, je suis un super rappeur, les autres c’est tous des cons , sauf mes potes, je les éclates, je les encules etc … j’ai une grosse caisse, plein d’argent, les filles ne servent qu’a … (je vous laisse imaginer la suite).  » je veux bien croire que la banlieue c’est différent, mais là , c’est la cinquième dimension son délire. Sur treize titres , on y a droit, en long en large à son petit univers. La première réaction d’un adulte qui a passé sa crise de rébellion c’est : ce type est un psychopathe, et son influence est potentiellement néfaste pour son publique.La vision de l’interview m’a présenté une autre dimension du personnage, une dimension humaine. J’ai vu un gars, timide, mal dans sa peau, un petit garçon triste, et là tout c’est éclairé. Quand on est blessé très jeune par un proche, quand la douleur est trop forte, un réflexe est de s’écarter de cette douleur, de ce sentiment intolérable d’impuissance. On se réfugie dans un monde de rêve, un monde ou cette blessure est oubliée. On est atiré par ce qui nous fait le plus défaut dans la vraie vie, désir de toute puissance quand justement on se sent impuissant. Le monde parallèle créé, est protégé du réel, la personne n’en a qu’une vision déformée. Si on y regarde de plus prés, souvent la vie, la respiration, l’amour et la douleur en sont bannis, mais pire encore, l’autre dans sa différence, dans son unicité est nié. Tout est vu par le prisme d’une conception d’operette, binaire de la vie.Si on écoute ses paroles, on se rend compte que c’est une sorte de voix interieur, répétitive, qui ressasse encore et encore les règles du monde simpliste dans lequel booba se sent en sécurité. Vive le fric et les grosse caisses : pourquoi se prendre la tête avec des questions existentielles, réfléchir sur le sens de la vie, le futur etc. glorification d’amitié viriles stéréotypées, les autres, je les encules … c’est très binaire : avec moi ou contre moi , il est hors de question , de voir les choses plus finement , ça peut être dangereux. Vive le crime, la drogue etc … boo je suis le grand méchant loup, comme ça si les gens ne m’acceptent pas c’est parce que je l’ai choisi, je suis plus fort que le mépris des autres, je m’en fout … . les filles, c’est que des chiennes que je … , si il n’y a pas d’amour, d’attachement etc , comment pourrais je être blessé par l’abandon d’une fille ???? pas possible. Je suis plus fort que ça aussi. Ma vision des rapports humains est étriquée au possible mais au moins je contrôle en permanence. Quand quelqu’un dit :  » je m’en fout  » , dans 80% des cas il est loin de s’en foutre, mais se répéter cette petite phrase sans cesse, ça apaise la douleur de l’impuissance.
Booba un petit garçon perdu

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4 thoughts on “Booba un petit garçon perdu

  1. Excellente critique de Booba, je suis totalement d'accord avec toi, c'est rare d'entendre de telles approches ; Sais tu que le personnage est connu pour justement ne pas être un vrai violent dans la vrai vie ?, et le lien que tu fais avec le petit enfant perdu me rappelle d'ailleurs que ce rappeur a réellement choisi de s'appeller Booba par rapport au dessin animé de notre enfance "bouba le petit ourson", dessin animé qui le touche encore lorsqu'il entend le générique…peut être un peu comme un effet de la madeleine de Proust qui le ramènerait dans un ancrage passé sécure ou il n'avait pas encore jugé utile de devoir exhiber sans cesse d'immenses étuis péniens allégoriques ? …
    Autre fait qui te donne raison, je sais pas si tu a entendu parler du clash avec Sinik, le célèbre Rappeur ; Ce dernier aurait critiqué Booba après avoir appris de sources sures qu'il aurait appelé les flics pour un petit problème avec des racailles, et Sinik a mis l'accent sur le paradoxe entre un tel comportement et son image de Lascar sans cesse affichée sur la scène; dans le morceau "L'Homme à abattre" Sinik dit :
    " T'as remplacé Ali pour faire un groupe avec Tony Parker
    Dans tes chansons, tu joues le fou, tu fais parler les guns
    Ici on n'y croit pas, car un voyou n'appelle jamais les keufs
    Après ce clash, tu n'auras plus qu'à faire une fugue
    Ce mec est un menteur, c'est le bitume avec une flûte"
    ….Plus tard, Booba lui répondra sur le mode "sale pédé" avec le titre "Carton rose" :
    "S.i.n.i.k. Bababa bah ouais, sale chien, tu t'es pris pour un arbitre ou quoi ?
    Carton jaune, carton rouge,
    Moi je distribue les cartons roses pour les grosses baltringues"(…)
    "tu veut détrôner le duc ? Tu vas te la prendre dans le uc'"
    Il n'hésitera également pas à critiquer le succès des blancs ou des métis (comme Sinik) dans le rap Français :
    "Les négros sont déclassés par Pokora, Diam's et Sinik
    La hooonte négro, tu te rends compte négro"
    ….Pour moi cette attitude est plutôt hystériforme, il vaut mieux y voir un homme qui joue encore à celui qui a la plus grosse, comme le font les enfants de la guerre des boutons ;

    Néanmoins il est vrai qu'il ya quelque chose d'hypnotisant dans le son de Booba, dans son sens du rythme, des phrasés…Il ya quelque chose de trés artistique malgrès toutes ces horreurs racontées

    Ce qui m'intéresse dans ce phénomène des rappeurs qui viennent des Banlieues, c'est justement ce coté hystérique, avec tout le théâtralisme qui en découle, c'est cette surenchère de l'image fantasmagorique de la violence des citées qui donne du crédit à leur victimisation déculpabilisante ; Ils me font penser aux anciens combattants qui peuvent nous raconter tout ce qu'ils veulent sur la guerre, même des grosses conneries, on n'y était pas…et dans tous les cas on sera des PD à coté d'eux….on sera toujours "hors jeux", "hors je" face à leur "moi je".

  2. Excellente critique de Booba, je suis totalement d'accord avec toi ; Sais tu que le personnage est connu pour justement ne pas être un vrai violent dans la vrai vie ?, et le lien que tu fais avec le petit enfant perdu me rappelle d'ailleurs que ce rappeur a réellement choisi de s'appeller Booba par rapport au dessin animé de notre enfance "bouba le petit ourson", dessin animé qui le touche encore lorsqu'il entend le générique…peut être un peu comme un effet de la madeleine de Proust qui le ramènerait dans un ancrage passé sécure ou il n'avait pas encore jugé utile de devoir exhiber sans cesse d'immenses étuis péniens allégoriques ? …
    Autre fait qui te donne raison, je sais pas si tu a entendu parler du clash avec Sinik, le célèbre Rappeur ; Ce dernier aurait critiqué Booba après avoir appris de sources sures qu'il aurait appelé les flics pour un petit problème avec des racailles, et Sinik a mis l'accent sur le paradoxe entre un tel comportement et son image de Lascar sans cesse affichée sur la scène; dans le morceau "L'Homme à abattre" Sinik dit :
    " T'as remplacé Ali pour faire un groupe avec Tony Parker
    Dans tes chansons, tu joues le fou, tu fais parler les guns
    Ici on n'y croit pas, car un voyou n'appelle jamais les keufs
    Après ce clash, tu n'auras plus qu'à faire une fugue
    Ce mec est un menteur, c'est le bitume avec une flûte"
    ….Plus tard, Booba lui répondra sur le mode "sale pédé" avec le titre "Carton rose" :
    "S.i.n.i.k. Bababa bah ouais, sale chien, tu t'es pris pour un arbitre ou quoi ?
    Carton jaune, carton rouge,
    Moi je distribue les cartons roses pour les grosses baltringues"(…)
    "tu veut détrôner le duc ? Tu vas te la prendre dans le uc'"
    Il n'hésitera également pas à critiquer le succès des blancs ou des métis (comme Sinik) dans le rap Français :
    "Les négros sont déclassés par Pokora, Diam's et Sinik
    La hooonte négro, tu te rends compte négro"
    ….Pour moi cette attitude est plutôt hystériforme, il vaut mieux y voir un homme qui joue encore à celui qui a la plus grosse, comme le font les enfants de la guerre des boutons ;

    Néanmoins il est vrai qu'il ya quelque chose d'hypnotisant dans le son de Booba, dans son sens du rythme, des phrasés…Il ya quelque chose de trés artistique malgrès toutes ces horreurs racontées

    Ce qui m'intéresse dans ce phénomène des rappeurs qui viennent des Banlieues, c'est justement ce coté hystérique, avec tout le théâtralisme qui en découle, c'est cette surenchère de l'image fantasmagorique de la violence des citées qui donne du crédit à leur victimisation déculpabilisante ; Ils me font penser aux anciens combattants qui peuvent nous raconter tout ce qu'ils veulent sur la guerre, même des grosses conneries, on n'y était pas…et dans tous les cas on sera des PD à coté d'eux….on sera toujours "hors jeux", "hors je" face à leur "moi je".

  3. Excellente critique de Booba, je suis totalement d'accord avec toi ; Sais tu que le personnage est connu pour justement ne pas être un vrai violent dans la vrai vie ?, et le lien que tu fais avec le petit enfant perdu me rappelle d'ailleurs que ce rappeur a réellement choisi de s'appeller Booba par rapport au dessin animé de notre enfance "bouba le petit ourson", dessin animé qui le touche encore lorsqu'il entend le générique…peut être un peu comme un effet de la madeleine de Proust qui le ramènerait dans un ancrage passé sécure ou il n'avait pas encore jugé utile de devoir exhiber sans cesse d'immenses étuis péniens allégoriques ? …
    Autre fait qui te donne raison, je sais pas si tu a entendu parler du clash avec Sinik, le célèbre Rappeur ; Ce dernier aurait critiqué Booba après avoir appris de sources sures qu'il aurait appelé les flics pour un petit problème avec des racailles, et Sinik a mis l'accent sur le paradoxe entre un tel comportement et son image de Lascar sans cesse affichée sur la scène; dans le morceau "L'Homme à abattre" Sinik dit :
    " T'as remplacé Ali pour faire un groupe avec Tony Parker
    Dans tes chansons, tu joues le fou, tu fais parler les guns
    Ici on n'y croit pas, car un voyou n'appelle jamais les keufs
    Après ce clash, tu n'auras plus qu'à faire une fugue
    Ce mec est un menteur, c'est le bitume avec une flûte"
    ….Plus tard, Booba lui répondra sur le mode "sale pédé" avec le titre "Carton rose" :
    "S.i.n.i.k. Bababa bah ouais, sale chien, tu t'es pris pour un arbitre ou quoi ?
    Carton jaune, carton rouge,
    Moi je distribue les cartons roses pour les grosses baltringues"(…)
    "tu veut détrôner le duc ? Tu vas te la prendre dans le uc'"
    Il n'hésitera également pas à critiquer le succès des blancs ou des métis (comme Sinik) dans le rap Français :
    "Les négros sont déclassés par Pokora, Diam's et Sinik
    La hooonte négro, tu te rends compte négro"
    ….Pour moi cette attitude est plutôt hystériforme, il vaut mieux y voir un homme qui joue encore à celui qui a la plus grosse, comme le font les enfants de la guerre des boutons ;

    Néanmoins il est vrai qu'il ya quelque chose d'hypnotisant dans le son de Booba, dans son sens du rythme, des phrasés…Il ya quelque chose de trés artistique malgrès toutes ces horreurs racontées

    Ce qui m'intéresse dans ce phénomène des rappeurs qui viennent des Banlieues, c'est justement ce coté hystérique, avec tout le théâtralisme qui en découle, c'est cette surenchère de l'image fantasmagorique de la violence des citées qui donne du crédit à leur victimisation déculpabilisante ; Ils me font penser aux anciens combattants qui peuvent nous raconter tout ce qu'ils veulent sur la guerre, même des grosses conneries, on n'y était pas…et dans tous les cas on sera des PD à coté d'eux….on sera toujours "hors jeux", "hors je" face à leur "moi je".

  4. Excellente critique de Booba, je suis totalement d'accord avec toi ; Sais tu que le personnage est connu pour justement ne pas être un vrai violent dans la vrai vie ?, et le lien que tu fais avec le petit enfant perdu me rappelle d'ailleurs que ce rappeur a réellement choisi de s'appeller Booba par rapport au dessin animé de notre enfance "bouba le petit ourson", dessin animé qui le touche encore lorsqu'il entend le générique…peut être un peu comme un effet de la madeleine de Proust qui le ramènerait dans un ancrage passé sécure ou il n'avait pas encore jugé utile de devoir exhiber sans cesse d'immenses étuis péniens allégoriques ? …
    Autre fait qui te donne raison, je sais pas si tu a entendu parler du clash avec Sinik, le célèbre Rappeur ; Ce dernier aurait critiqué Booba après avoir appris de sources sures qu'il aurait appelé les flics pour un petit problème avec des racailles, et Sinik a mis l'accent sur le paradoxe entre un tel comportement et son image de Lascar sans cesse affichée sur la scène; dans le morceau "L'Homme à abattre" Sinik dit :
    " T'as remplacé Ali pour faire un groupe avec Tony Parker
    Dans tes chansons, tu joues le fou, tu fais parler les guns
    Ici on n'y croit pas, car un voyou n'appelle jamais les keufs
    Après ce clash, tu n'auras plus qu'à faire une fugue
    Ce mec est un menteur, c'est le bitume avec une flûte"
    ….Plus tard, Booba lui répondra sur le mode "sale pédé" avec le titre "Carton rose" :
    "S.i.n.i.k. Bababa bah ouais, sale chien, tu t'es pris pour un arbitre ou quoi ?
    Carton jaune, carton rouge,
    Moi je distribue les cartons roses pour les grosses baltringues"(…)
    "tu veut détrôner le duc ? Tu vas te la prendre dans le uc'"
    Il n'hésitera également pas à critiquer le succès des blancs ou des métis (comme Sinik) dans le rap Français :
    "Les négros sont déclassés par Pokora, Diam's et Sinik
    La hooonte négro, tu te rends compte négro"
    ….Pour moi cette attitude est plutôt hystériforme, il vaut mieux y voir un homme qui joue encore à celui qui a la plus grosse, comme le font les enfants de la guerre des boutons ;

    Néanmoins il est vrai qu'il ya quelque chose d'hypnotisant dans le son de Booba, dans son sens du rythme, des phrasés…Il ya quelque chose de trés artistique malgrès toutes ces horreurs racontées

    Ce qui m'intéresse dans ce phénomène des rappeurs qui viennent des Banlieues, c'est justement ce coté hystérique, avec tout le théâtralisme qui en découle, c'est cette surenchère de l'image fantasmagorique de la violence des citées qui donne du crédit à leur victimisation déculpabilisante ; Ils me font penser aux anciens combattants qui peuvent nous raconter tout ce qu'ils veulent sur la guerre, même des grosses conneries, on n'y était pas…et dans tous les cas on sera des PD à coté d'eux….on sera toujours "hors jeux", "hors je" face à leur "moi je".

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