Témoin absent
Rattrapage rapide, ça fuse,
J’écoute et j’imagine
Je souris et lit entre les lignes
Octogénaire mais fringant
Jeune de 83 ans
Il organise, mène et commente
Pierre et monuments, la réalité augmente
Un grand texte pour un petit pont
Une balade joyeuse et en chanson
Hélène annonce les temps forts
L’évocation puissante des mots simples
Je suis jaloux, condamné à la banalité
Maigreur de ce qui est
Opulence ce qui a été
Anecdotes, le lieu se fait mille feuilles
Où se superposent autant de moments passés
Sauts de puce
S’arrêter puis repartir
S’arrêter de nouveau, avant même que le moteur ait pu chauffer
Les bâton ressortir, les régler
Crapahuter pour les rattraper
Oh mince, c’est déjà terminé
Tant d’années de cette histoire
Invoquée et admirée
Oh ces beaux ronds de fumée
Le vin a été tiré et goutté
Les verres rincés et égouttés
Merci René, Merci Hélène, Merci les filles pour vos souvenirs partagés.


Ma tour Eiffel
J’ai grandi à Pétri,
20 kilomètres au sud de Paris
J’ai grandi dans une de ces barres HLM
Pas bien grande mais longue de quelques kilomètres
Si mes frères et ma sœur se levaient avec un soleil rasant  de près
Le parc Vincent  Callebaut e ses pelouses échevelées
Le fenêtre de ma petite chambre orientée au nord
Donnait sur le dédale de rue à ses pieds
Ça et tous ces gens s’afférant sur la dalle.
Cet espace envahi tous les mercredis, par le grand marché
Etait encadré de bâtiments bas ocre jaunes et rayés
De signatures et d’obscénitées
Graphées par des jeunes désœuvrés
De mon quatrième et dernier étage
Tout ça me semblait bien plat
Comme si les bâtiments s’étaient enfoncés
Par le métal ridé du ciel couvert
Si j’avais pu voir à traver le béton et l’acier
De la vieille tour Pier Gautier,
Ce minaret, doigt d’honneur
A la salubrité et au bonheur
D’après mon père, avec de bons yeux
J’aurai pu voir la plus belle ville du pays
Ses champs, ses buttes ses habitantes pleines de grâce
Ses tours acier et béton, Eiffel et Montparnasse
Mais pour moi dans cette bonne vieille ville de Pétri
La colonne pierre Gautier
Son gris sale
Ses petites fenêtres endeuillées
Elle était mon Paris
Elle était ma tour Eiffel
Monts et merveilles
Monde meilleur inatteignable et enterré
A ciel ouvert par une exclamation
Aussi impérieuse que bétonnée


HaÏBUN : « au pied de la tour Gautier »
Pain au chocolat
Croissant d’occident
Beurre et confiture
Mais avant, les bottes,
La cagoule
Et le sourire de la boulangère
Deniers dans mes pognes
Trotte comme un cabri
Gentil dragon, nuages de buée
Rêves de chaussons aux pommes.
Œil pétillant
Le sein lourd
Au cœur du fournil
Senteur chocolatée
Elle est la maman de toutes les maman
Chemin de retour
Sac de brioche
Soleil hésitant
Une flute sifflée
Ou dirons-nous : sévèrement entamée
Pas d’ascenseur, des escaliers
Pisse de chien et papiers gras
Et moi
Ma boulangère
Son souffle chaud
Immunisé contre tout ça.

atelier d’écriture novembre 2019 : balades réelles et imaginaires

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