Deux choix s’offrent à vous : soit vous lisez mon article en commençant par l’introduction en italique ou vous allez lire l’article de Laurie ici puis le commentaire que j’ai écrit dessous, et enfin l’article que vous avez présentement sous les yeux.

Les blogs pullulent sur le net, plateforme de téléchargement pour certains, mini journaux pour d’autre ou vous pourrez lire des chroniques sur a peu près tout, politique, cinéma, livre, voiture, il y a aussi pas mal de journaux intimes en ligne. Mon ami Laurie dans son blog Les Mélopées Lestes nous livre ses avis sur la musique, et d’autres sujets; dans son dernier article il abordait de manière très frontale des difficultés relationnelles qu’il avait rencontré, et ça m’avait interpelé.

Ça soulève pour moi certaines questions sur « ce qui ne se fait et ce qui ne se fait pas », structures rigides et tout à fait subjectives (pas au sens personnel, mais au sens de la communauté à laquelle on se sent appartenir, à ses us et coutumes) , et la place pour l’authenticité et la spontanéité.

Personnellement je suis pris entre deux courants, d’une part une soif d’être entendu vu et compris (d’où mes multiples blogs et sites) et d’autre part la peur d’être cette personne qui parle dans le vent, qui radote, et qui tient un discours inadapté face à son auditoire. Parler vrai, au plus proche de son ressentit c’est s’exposer, se rendre vulnérable, pendant un moment l’opération est à cœur ouvert. Et ça je pense qu’on peut le faire qu’avec certaines personnes et encore qu’a certains moments (en tout cas tant qu’on a tant de plaies encore ouvertes, par la suite quand on est stable, ancré, que l’on sait qu’il on est et qu’on est indépendant de l’avis des gens, je crois que le parlé vrais peut redevenir notre langue maternelle).

Alors comment trouver la bonne distance, le ton juste ? Sincèrement je l’ignore. Tout ce que je peux te donner c’est deux voies que j’ai emprunté et dont je sais par expérience qu’elles éloignent celui qui les emprunte de lui-même et des autres.

La pseudo objectivité/ne pas assumer ce que je pense :
pendant longtemps j’ai tenu des propos pontifiants très pénibles pour ceux qui avaient à les subir. Je vendais mes opinions personnelles comme étant La vérité. C’est très simple à faire, tellement simple qu’on le fait presque tous de manière plus ou moins régulière. Au lieu de dire « je pense que Radiohead est le plus grand groupe de Rock » je dis « radiohead est le plus grand groupe de rock ». Mon « je » avait pris le maquis, se sentant incapable de se suffire à lui-même, apeuré à l’idée de se faire écraser par les « je » des autres qui semblent tellement plus forts. Il pensait qu’en se cachant derrière le « on » il pourrait prendre ses adversaires à revers qu’en invoquant « tout le monde » il pourrait écraser ces « je » récalcitrants qui le menaçaient.

Le souci c’est que cette bataille grandiose n’était que dans ma tête, certes des fois les gens n’étaient pas d’accords avec moi, des fois même ils n’étaient pas respectueux envers mon opinion, mais la plus part du temps j’étais pris par mes démons, fantômes de mon passé et croyances débilitantes. Quelque part c’est un peu comme si je pensais que si quelqu’un pensait différemment de moi, tout le monde allait se rallier à lui et m’abandonner voyant le peu de pertinence de ma pensée. A moins d’écraser tous les autres, mon avis et donc moi-même allions finir minoritaire, faible et non considéré. Je cherchais l’approbation des autres, et je n’avais d’autre moyen que de les maltraiter pour cela.

L’autofiction :
Un autre travers que j’ai pu emprunter de manière intensive était raconter ma vie de manière complètement dissociée. Je parlais de moi, car c’est ce que mes amis attendaient de moi, mais tout en restant caché. Pour moi le parlais vrai c’est « Là maintenant je ressens ça ! », dès qu’on parle de soi au passé, de nos anciennes manière de faire, on se sert d’un « nous même » qui ne cesse de s’éloigner et on le met en scène. On raconte des histoires aux autres, des histoires que l’on met en perspective, que notre mémoire complaisante permet de retravailler.

En quoi est ce que c’est problématique ? Cette voie est très intéressante, elle permet de communiquer sans se mettre en danger, on peut facilement censurer les passages inadaptés à notre auditoire. Exemple : « tu vois fiston, quand j’ai vu ta mère pour la première fois c’était le coup de foudre elle était tellement belle (elle avait une paire …. Affolante, dès que je l’ai vu je n’avais qu’une idée en tête …) ». On peu rendre notre histoire, et donc « nous même » plus intéressante, plus acceptable, plus pédagogique (comme je peux le faire dans cet article/réponse) etc. Le souci c’est quand on commence à se confondre avec nos histoires, quand on oubli que ce ne sont que des métaphores de notre vie, des métaphores qui contiennent une part de vérité, mais une petite part seulement. De plus si l’on fonctionne de manière automatique sur ce mode, je pense que l’on perd petit pied dans le réel, et dans l’expérience que l’on en a , on ne se voit plus que comme le personnage de la fiction que l’on appelle notre vie, et on en oublie qu’à chaque moment il se passe quelque chose, et c’est ce quelque chose qui est le sel de notre vie. L’essentiel est maintenant avec les émotions et ressentit qui vont avec. Pour résumer l’autofiction c’est cool du moment que ça ne reste qu’un outil.

Chose intéressante, en écrivant cet article je me rends compte que je m’expose beaucoup, je parle à la première personne et la même partie de moi qui tiquait devant l’article de Laurie s’agite. Je pense avoir un ton assez correct, car pour cet article destiné au tout venant, les parties ou je m’expose le plus (La pseudo objectivité/ne pas assumer ce que je pense, L’autofiction) sont écrite sur le mode de l’autofiction pédagogique. Pour les autres je peux me livrer sans trop de risque (de m’exposer ou de provoquer un malaise chez le lecteur) car elles sont moins intimes car je parle de mon ressentit et de mes pensées par rapport à un article (ce qui est assez neutre).

Mon Ami Laurie a écrit un article qui m’a interpelé

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3 thoughts on “Mon Ami Laurie a écrit un article qui m’a interpelé

  1. Beaucoup d'authenticité et de justesse dans ce que tu dis je trouve, tout en restant discret, sans jamais se dévoiler trop (ce qui n'était pas le cas dans mon article, j'ai d'ailleurs viré le passage qui était trop intime) ; Ton discours me rappelle deux pensées lacaniennes :
    "Voilà la grande erreur de toujours : s'imaginer que les êtres pensent ce qu'ils disent"
    et
    "Un sujet normal est essentiellement quelqu'un qui se met dans la position de ne pas prendre au sérieux la plus grande part de son discours intérieur"

  2. Et bien dit donc t'es fan de Lacan toi ! le titre de ton article, ces deux pensées … comment fais tu pour les toutes les retenir ces citations ? t'as un calepin? tu surlignes ?
    Moi j'avale j'avale et quand je regarde mes selles je suis incapable de dire quel bout vient d'où MDR

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