Je suis en train de lire « Socrate à St-Tropez » d’Alain Soral ça sera pour moi le troisième livre de cet auteur, après abécédaire de la bêtise ambiante et sociologie du dragueur. Dans mon premier contact avec cet auteur bien des choses m’avaient touché. Déjà, ce type est un tueur, qui explose les mythes culturels qui pullulent dans notre noosphère. Il bouscule pas mal de choses que l’on prend pour acquise et par là donne à se remettre en question, nous et nos croyances. Dans l’ensemble, même si je n’étais pas d’accord avec tout, je trouvais les arguments assez bien ficelés. J’aimais le fait qu’il ait fait l’étude de lui-même pour pouvoir nous éclairer sur la manière dont il voit le monde. Il s’expose, se découvre dans ses livres comme dans nombre de vidéos de lui, glanées sur internet, que j’ai pu voir.
Dernièrement , vu son engagement aux côtés de jean marie le pen, et la lecture encore non achevée de « socrate … » , j’ai progressivement changé d’avis à son sujet, par un revirement à 180°, non, quelque chose d’un peu moins tranché.
C’est en allant sur son site que j’ai appris son soutient pour la candidature de Jean Marie Le Pen, je savais déjà , qu’il était allé faire un tour lors d’une convention du FN, mais je ne connaissait pas la nature des liens entre Soral et cette organisation. Dans une vidéo du site il explique les raisons de son ralliement. J’ai trouvé ses argument forts convaincants : Le pen est le seul candidat sérieux qui était pour le NON au référendum de la constitution européenne, et qui ne s’est pas dédit par la suite (de manière implicite ou explicite). Alors que le NON l’a emporté en France, nous devons feindre de croire qu’il n’y a d’alternative qu’entre le OUI de Sarkozy et le OUI de Royal, nous devrions accepter de faire de l’Europe une entité docile, nivelée socialement par le bas, soumise à l’OMC, la banque centrale et même l’OTAN (à en croire attac). Une Europe qui empiète souvent sur la souveraineté de la France pour le pire (cf le reportage censuré de canal + sur les OGM). Bon, je trouve que c’est un bon argument, je trouve aussi que c’est une honte qu’il n’ait pas encore ses signatures, c’est au peuple de décider pour le pire comme pour le pire, ce n’est pas à ces « élus », par contre le discours de Mr Le Pen ne se limite par à l’Europe, il a beau, grâce à la comm’ de sa fille marine, une allure de plus en plus présentable, un discours plus policé, mais au fond il ne renie rien de ses propos sur la guerre d’Algérie, lui et son partit sentent toujours la haine raciale, c’est le partit préféré des skinhead, c’est un partit qui est loin d’être progressiste, qui a capitalisé sur les gens en rupture de ban avec l’idéal républicain. Je pense qu’alain soral est conscient de tout ça, et je pense que ces raisons sont suffisantes pour ne pas se rallier à le pen.
Autant j’avais bien aimé l’abécédaire, autant je n’ai pas réussi à finir « sociologie du dragueur », la troisième partie était moins convaincante. Ce livre aurait pu s’appeler sociologie d’alain soral, car c’est de lui avant tout qu’il parle, même si il dit s’être inspiré d’autres dragueurs que lui-même on sent le propos très personnel. La manière dont il décortique ses impulsions est assez convaincante, bien qu’un peu trop freudienne à mon goût. Avec ce livre, on peut sentir sa souffrance, on peut sentir à quel point derrière ce discours pseudo-savant il est dépassé par tout ça. On sent la rationalisation, c’est-à-dire qu’inconsciemment son argumentaire est asservi à sa pulsion, il n’est là que pour la justifier et non la questionner. « socrates à saint-tropez » est construit comme l’abécédaire, de très courts articles sur des concepts clefs de notre monde. A mon avis ça sera mon dernier Soral et encore je ne vais pas en venir à bout, et ce pour plusieurs raisons.
Les Thèmes abordés ne sont pas très intéressants, l’auteur confond de plus en plus la complexité du discours avec un langage ésotérique, ce livre est pénible à lire. C’est un peu comme si c’était une compilation de chutes de son précédent ouvrage. Il a enchaîné les deux alors, que l’abécédaire se suffisait à lui-même. C’est un livre ou les travers de l’auteur sont exacerbés, il suinte de haine et de colère. On est passé du pamphlet à la lettre d’injures. Je trouve que c’est très sain de critiquer les différents communautarismes qu’ils soient Gay, juifs ou musulmans. Il est sain d’ausculter le monde des médias et de l’art, de décrypter le pouvoir de ces intellectuels d’états. Du moment qu’il s’agit d’une critique qui s’appuie sur la raison, mais chez soral, ça part d’une colère viscérale doublée de ce qui ressemble à une volonté de revanche.

Voici le personnage comme je l’ai compris à travers ses interviews et ses livre, Soral comme je le ressent, il y a sans doute une part de projection, et n’étant pas médium, je ne prétend pas à une quelconque exactitude :
« Ma mère est une femme indigne, qui ne m’a jamais réellement aimé, mon père non plus d’ailleurs, quel connard celui là. Je n’ai qu’une hâte partir de là, de cette famille, de cette maudite savoie. »
C’est un chien perdu sans collier, qui vomit sa famille de bourgeois déclassés (cf. émission chez Mireille Dumas en compagnie de sa sœur Agnes Soral), il lui faudra trouver un foyer ailleurs. Un homme qui n’a pas eu droit au regard de sa mère, risque d’investir énormément dans le regard des étrangers, leur donner un pouvoir exagéré sur lui. Chaque rejet à l’extérieur fera très mal, et comme les rejets sont inévitables, il va vite se blinder, mais il gardera une sensibilité à la problématique d’inclusion exclusion et aux groupes et communautés dont il ne peut faire partie. L’intellect, le discours, l’argumentation ne sont que des structures pour se protéger de cette colère , pour lui donner un sens, pour la rendre tolérable acceptable.

Alain soral

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