Chez Google la multinationale basée en Californie vingt pour cent des ingénieurs sont des femmes. C’est peu mais on retrouve cette proportion dans beaucoup de grandes entreprises dans ce domaine. Le géant de l’informatique s’est engagé a changer les choses au travers de son processus de recrutement comme d’intenses campagnes de sensibilisation pour faire de ses bureaux un lieu de travail où les femmes pourraient s’épanouir.

Si en apparence cela semble être une démarche louable et qui va dans le sens du progrès, il semble que cette approche est en train de se retourner contre le géant californien.

James Damore, un ingénieur à Google a partagé (en interne) un mémo[1] en juillet 2017 questionnant la sensibilisation au sexisme à laquelle l’entreprise soumet ses employés.  Le but était de provoquer une conversation et éviter d’être prisonnier d’une chambre d’écho où on ne pourrait entendre que la pensée unique du moment (Il préconisait de sortir d’une approche moralisante de la diversité , d’arrêter d’aliéner les conservateurs, d’arrêter de limiter l’accès à certaines initiatives sur la base de l’appartenance à un sexe ou à une race et pour finir d’avoir une discussion ouverte et honnête à propos de la différence entre le coût et les bénéfices rapportés par certaines initiatives).

Dans ce texte de dix pages il a aussi exploré des idées pour aider l’entreprise à augmenter la proportion de femmes ingénieures dans ses équipes. Il remettait en cause les raisons de la sous-représentation des femmes dans postes les plus élevés de l’entreprises, et proposait d’autres pistes comme l’influence de la biologie et du typage psychologique. Rien d’incendiaire ou d’agressif. Ses supérieurs ont ignorés le mémo, certains de ses collègues féministes l’ont copieusement insulté voir menacé de violences physique et pour terminer l’ingénieur s’est fait licencier pour avoir violé le code de conduite de l’entreprise en partageant ce mémo car « il fait l’apologie de stéréotypes sexistes ».
M. Damore, de son propre aveu dans le document a un regard biaisé sur la question de la diversité. Même s’il cherche à avoir une approche rationnelle et scientifique, comme tout humain il a des convictions et une éducation qui influencent le processus de validation/exclusion des hypothèses. Cependant même s’il s’avérait que certains de ses arguments étaient faux, je ne pense pas que ce soit un réel problème, en tout cas pas un qui justifie son clouage au pilori.  Il n’était pas en train de forcer sa manière de voir la question avec l’appui de son entreprise ou d’une clique d’enragés, il voulait engager le débat.

Les propos qu’il a tenu ont été vécu comme insultants par certains de ses collègues (puis par une partie des personnes qui l’ont lu après que le rapport ait fuité). L’outrage a été tel que ces personnes ont été incapable d’articuler la moindre réfutation des éléments avancés. En lieu et place du débat attendu James Damore n’a eu le droit qu’à des insultes et un licenciement. 
C’est grave, inquiétant et ce n’est pas sans rappeler, en version light toute fois, ce qui peut se passer sous des régimes totalitaires (communiste et autre). Google qui se veut être une entreprise dynamique et socialement consciente semble avoir été prise en otage de personnes qui se déclarent tolérantes et engagées pour une société plus humaine mais dont les méthodes racontent une toute autre histoire. L’entreprise californienne, qui vu son domaine de travail devrait être un haut lieu de rationalité, risque de devenir un bastion d’intolérance. Quand on sait que ce sont ses algorithmes de recherche qui nous poussent inconsciemment vers certaines pages (idéologies) plutôt que vers d’autres il y a lieu de s’inquiéter en tant que consommateurs et citoyens.
PS : traitement médiatique

A l’heure actuelle je ne connais pas toute les ramifications et développement de l’affaire. Mais durant une interview donné le 7 septembre 2017 sur la chaine Youtube « the rubin report », l’ingénieur expliquait qu’il avait été invité à partager son expérience et à répondre aux questions de journalistes sur les chaines de télévisions  de droite. À gauche par contre, malgré des tentatives de contact de sa part, les médias ne s’étaient pas montré intéressé. Je pense que pour eux, l’ex ingénieur de chez Google faisait partie du problème et non de la solution, et ils ont préféré jouer la carte de l’attaque ad hominem plutôt que de réfuter proprement ses arguments ou d’engager une discussion. Au lieu de pouvoir ouvrir le débat et de provoquer un changement salutaire cette affaire n’a servi qu’à renforcer chaque camp dans ses préjugés.
En France, dans la version en ligne du journal libération, un article au ton relativement objectif  « Mémo ‘antidiversité’ chez Google : un manifeste pas si innocent »[2] m’a fait hausser les sourcils à plusieurs reprises. Dans le paragraphe « ce salarié était-il connu pour ses position » le journal français cite Gizmodo un site américain « progressiste » dédié à l’actualité technologique et dit : « Le site s’est procuré des mails de l’époque où il étudiait en doctorat la biologie systémique à Harvard – il y a passé deux ans, sans terminer son cursus, avant d’intégrer Google. En 2012, lors d’une journée de réflexion et d’échange organisée dans le cadre de ses études, celui-ci aurait tenu le rôle principal dans un sketch de mauvais goût. »
Très intéressant. Voici trois réflexions pour terminer :
  1. Il faut savoir que si James Damore n’a pas terminé sa thèse c’est parce que justement Google l’a recruté (la tournure de phrase de l’article m’a un peu énervé)
  2. Le fameux sketch de mauvais gout, a été décrit comme sexiste et choquant par des participant. Est-ce que ça veut dire quoi que ce soi ? Je n’ai pas vu le sketch en question, mais au vu de de la disparité entre le contenu réel du mémo et les réactions intenses engendrées j’ai comme un doute quant à ce que ça peut signifier sur le sexisme présumé de l’ex ingénieur de chez Google. L’humour dois taper sur des zones sensibles s’il veut provoquer des éclats de rires cathartiques et nous libérer, en serait-ce qu’un instant, de nos camisoles de forces mentales et sociétales.
  3. James Damore était en thésard en biologie, pas dans une de ces matières qui pullulent dans les départements des humanités des universités, ces matières où l’idéologie s’est substituée à la recherche de la vérité et à la rigueur scientifique. Comme quoi, comme disait Tchekhof : « Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. »

Google et la diversité

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