J’ai découvert Lynch avec lost highway, on avait sélectionné ce film au distributeur automatique avec des amis et nous n’avions aucune idée du trip que nous allions faire. Beaucoup de gens déplorent le fait que ce film soit incompréhensible, je ne peux prétendre l’avoir compris lors de cette vision ni même complètement lors des suivantes, mais ça ne m’a jamais réellement préoccupé, même vu comme deux films incomplets enchevêtrés , l’essentiel était là : un coup de poing à l’estomac. Une maîtrise de l’espace, de l’image et du son, un impact émotionnel saisissant. Pour moi ce film c’était une bande sonore fantastique, autant pour les morceaux que pour les effets qui me troublaient, c’était un travail sur l’ombre la lumière et les textures, un savant travail de la part du chef opérateur, c’était des figures étranges, des artifices narratifs, déstabilisant, qui déconnéctait mon mental pour me rendre plus sensible encore.

Puis j’ai découverts les précédents, de earaser head, jusqu’à twin peaks, j’ai vu a leur sortie une histoire vraie et Mulholland drive. J’ai trouvé earaser head assez désagréable bien qu’interessant. Film prototype contenant en germe une bonne partie de la symbolique lynchienne qui finirait par se frayer un chemin dans blue velvet et se déploierais complètement avec twin peaks.
Mulholland drive était dans la droite lignée de ce dernier et de lost highway, un film coupé en deux, les effets utilisés sont assez semblables. Il était aussi le plus glamour des trois, centré sur des actrices magnifiques : Naomi watts et Helena Harring, c’est aussi le plus riche au niveau des pistes, des histoires qui se croisent (du sans doute au fait que c’était le pilote d’une série qui a été sauvé in extremis), c’était une lettre d’amour au grand Hollywood et à ses clichés. Inutile de dire qu’après une telle œuvre, Inland empire était attendu au tournant, avec espoir et crainte.

Inland empire est une œuvre bien curieuse, tournée en DV elle tourne résolument le dos au glamour et à une certaine facilité visuelle. Autant dire que lynch ne veut pas nous faire de cadeau, si on veut apprécier ce film on va en baver. Beaucoup de réalisateurs qui se tournent vers le DV arguent que ce support apporte une grande liberté dans le mouvement, l’éclairage des scènes, une liberté accrue, mais pour faire quoi ? Les contraintes stimulent notre imagination, elles développent une certaine combativité, elles nous obligent à un minimum de rigueur. Et pour moi c’est un problème de ce film, beaucoup d’auto indulgence, un réalisateur génial en roue libre qui est résolument tourné vers ses œuvres passées qu’il ressasse sans en sortir grand-chose de bien.
Les effets visuels ont déjà été vu ailleurs (ce film me rappelle beaucoup twin peaks à ce niveau), et c’est pareil pour les sonorités les drones, vibrations, dissonances ont déjà été utilisées dans mulholland drive. C’est souvent très laid, pour l’image comme pour les mouvement foireux de caméra. La plus part des scènes sont trop longues, à commencer par celle ou Laura dern est en train de discuter dans son salon avec sa nouvelle voisine (jouée par Grace Zabriskie de twin peaks) , du pur lynch dans les clichés mais complètement foirée.
Le film joue beaucoup sur les mises en abîmes successives et la porosité entre ces différents univers entremêlés, ce n’est pas très original, des films sur des gens qui tournent des films … c’est assez banal, et tellement mieux traité ailleurs (la nuit américaine de truffaut , shakespeare in love de john madden). le regard sur le cinéma est assez sombre, le cinéma indépendant en prend pour son grade, Jeremy Iron et Harry Dean Stanton jouent respectivement un réalisateur et son assistant particulièrement ridicules.

Quand au sens du film, je n’ai pas compris grand-chose, ça ne me dérange pas je n’étais pas venu pour ça, par contre ce qui me dérange c’est d’avoir regardé ma montre toutes les 20minutes après une heure de film. J’espère que ce n’est qu’une erreur de parcours pour Lynch, pas le chant du signe, mais j’ai comme un doute vu les déclarations faites pour la presse (du DV sinon rien etc ).

Inland empire

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